jeudi 18 septembre 2008

Into the Wild (Sean Penn, 2007)

50 % d'"Easy Rider" + 50 % de "Delivrance" = "Into the Wild" ? On n'est en tout cas pas loin du compte, tant thématiques et questionnements du film de Sean Penn semblent émaner respectivement des deux classiques précités. Désir de liberté, soif d'aventure, rébellion anti-sociétale, retour aux fondamentaux (la route, la nature) sont autant de reflets de l'œuvre de Dennis Hopper. Et tout comme Boormann, Sean Penn pointe du doigt les limites d'une telle expérience en décrivant également la rudesse du milieu naturel et la naïveté égocentrique d'une telle démarche, y ajoutant un facteur solitude en concluant son film. Mais contrairement aux deux modèles, "Into the Wild" est un film franchement raté. On sent Sean Penn arriver de loin avec ses gros sabots, bâtissant un HLM où il aurait fallu construire une cathédrale, s'enlisant dans un romantisme malvenu. Et la solennité naïve du final n'arrangera rien.
Le moteur commence à tousser lorsque surviennent les premiers plans tournés au ralenti, d'une grandiloquence malvenue qui tourne parfois au risible, si bien que l'on se demande si l'on est face à un clip musical pathétique (passage du concert avec la jeune fille), une vidéo sportive publicitaire pour une boisson énergisante (descente en kayak) ou une série américaine à l'eau de rose.
La mécanique s'enlise, mais on avance encore, emportés quelques fois par la beauté de certains paysages très "malickiens". C'était malheureusement sans compter sur les dialogues lourdingues et la pseudo-philosophie tenant en deux phrases qui en découle. Les sentiments, les changements qui s'opèrent, les relations entre les personnages, en bref, l'âme conductrice du film est d'une grossièreté de trait qui n'accepte pas la moindre nuance.
Et là c'est la panne sèche...
La bande-son plutôt pas mal relève quelque peu le niveau, on ne sombre certes pas dans le réellement mauvais mais juste dans un ratage plutôt médiocre.
Change de caisse Sean !

2 commentaires:

ravachol a dit…

Mr Chinaski,
"Into The Wild" n'est pas un chef-d'oeuvre, on est d'accord. Mais il faut reconnaître et apprécier à leur juste valeur les paysages et les plans somptueux relativement nombreux dans le film. L'ayant vu au cinéma, j'ai pu assister aux premières loges à ce spectacle et je peux comprendre que sur un écran d'ordinateur on ait du mal à rentrer dans ce décor... (salaud de téléchargeur!!)
Pour ma part, j'avais trouvé que l'on valorisait trop ces mouvements marginaux tout au long du film. A commencer par le "héros", qui tout au long de son périple ne prend pas une ride, conserve des dents blanches à en pouvoir faire de la pub pour un dentifrice et ne rencontre aucun problème de santé mis à part le moment où il faut mourir parce qu'il faut bien que le film finisse... puis le portrait qui se veut exhaustif des "hippies" ( non ne vous énervez pas Chinaski c'est vraiment comme ça qu'on les appelle) est sournoisement contrasté pour délivrer un message plein de paix et d'amour frôlant le cliché.
En bref, "Into The Wild" est un mauvais film quant au fond qu'il véhicule mais présente des atouts esthétiques que l'on ne peut pas ignorer.

Amicalement, Baader

Chinaski a dit…

Mr Bonnot,
Je relève justement dans ma "critique" que les plans des paysages sont des fois très beaux, cela ne fait aucun doute et j'ai pu l'apprécier même sur mon modeste écran.
Pour ce que vous dîtes par la suite, nous sommes en gros d'accord: dans la "grossièreté" que je déplore, j'inclurais aussi le positivisme naïf d'une bonne partie du film durant laquelle notre "héros" ne semble rencontrer aucune difficulté dans son mode de vie.
Et tout comme cette partie est grossièrement dépeinte, la fin l'est aussi: tout à coup (à partir de l'épisode de l'espèce de grand rêne , excusez mon ignorance des animaux, qu'il n'arrive pas à dépecer), tout devient horriblement difficile jusqu'à ce que mort s'ensuive. Les deux phases sont traitées de manière exagérées et assez inintéressante au final...
Et je vous rejoins également sur cette rencontre avec les "hippies", mais j'élargirais même cette constatation, car vous remarquerez que toutes les personnes (ou presque) que rencontre notre "héros" au long de ce film et qui vivent en milieu plus ou moins naturel (en gros à l'extérieur des villes) sont compréhensives, bonnes, etc... On se demande alors quel peu encore être l'intérêt de vivre seul ???
N'avez vous pas trouvé les ralentis et certains prises de vue d'une nullité affligeante ? On rentre souvent vraiment dans le ringard et une grandiloquence qui feront que le film vieillira je pense encore plus mal que ce qu'il présente déjà maintenant.

Amicalement, Chinaski.