mercredi 17 septembre 2008

Europa (Lars Von Trier, 1990)

"Europa", titre annonciateur quant au pastel apposé sur cette peinture du vieux continent: on nage dans le fantastique, on flotte dans l'expressionnisme, on patauge parfois dans une virtuosité visuelle qui se noie dans la lourdeur de son soliloque. Un univers volontairement hypnotisant, à l'image de cette voix-off, de cette errance ferroviaire sans but sur ces rails qui n'en finissent pas de défiler. Un univers oppressant aussi, sombre, avec ce noir et blanc presque toujours de mise. Une Europe fantasmagorique, irréelle, souillée par son passé belliqueux, où tout le monde a quelque chose à cacher et dans laquelle débarquera ce jeune américain naïf. Un héros aux allures de marionnette, comme les autres personnages du récit, absurdes pantins dont les fils s'emmêlent dans ces situations d'une absurdité kafkaïenne. Pourquoi se bat-on ? Qui sont les oppresseurs ? Quels buts poursuivent les protagonistes ? Autant de questions qui resteront sans réponse, la démarche artistique de Von Trier se situant ici clairement dans l'incongru et du côté d'un esthétisme qui vire quelque peu à l'exercice de style. Une démarche en tout cas originale et sans concession, à l'image du changement radical de style qu'il opérera par la suite en proclamant le manifeste du Dogme 95 avec Thomas Vinterberg (et en réalisant notamment "Les Idiots") avant de s'en détourner dans ses plus récentes productions.

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