mercredi 10 septembre 2008

The great ecstasy of Robert Carmichael (Thomas Clay, 2005)

80 minutes de Ken Loach plus 15 minutes du Haneke de "Funny Games", l'équation de "The great ectasy of Robert Carmichael" est relativement simple. Lentement, usant de nombreux plans fixes, Thomas Clay construit le décor: une petite bourgade anglaise qui s'ennuie dans la grisaille côtière, quelques ados sans repères qui cherchent dans la drogue un moyen de s'évader de la morosité ambiante. Au fil des situations filmées, on se fait observateur d'une société en perte de repères, sur fond d'une télévision qui diffuse inlassablement les informations d'une guerre en Iraq que les protagonistes entendent sans écouter vraiment. Jusqu'à basculer dans une hyperviolence directement inspirée de Funny Games et Orange mécanique. Sur la forme, rien à redire, la mise en scène sobre et efficace sert parfaitement le réalisme froid du film, à grands coups de plans plus réussis les uns que les autres. Thomas Clay a du talent à revendre, c'est évident, même si les influences se font ressentir. Pour le fond, c'est une autre histoire. Les esquisses fournies en guise d'explications sombrent dans la platitude métaphorique lorqu'elles juxtaposent mensonges politiques des mass-médias et violence sociétale. Et s'enfouissent dans une simplification que réfute justement Haneke dans "Funny Games" lorsqu'elles évoquent l'absence du père comme semblant d'indication à la barbarie du personnage principal. Mieux aurait-il fallu rester alors dans la simple constatation plutôt que d'avancer des pistes d'une telle pauvreté que ne masque pas l'aphorisme qui conclut le film. Et le final volontairement insupportable (à défaut d'être novateur) ne se révèle malheureusement du coup qu'un exercice de style vide de sens qui aura juste réussi à choquer les spectateurs du festival de Cannes, comme si c'était la première fois que l'on montrait (ou insinuait) de telles images à l'écran. Orange mécanique et Funny Games sont passé par là, et avec bien plus de talent et de profondeur. Quant à la description de la petite ville anglaise perdue dans morne grisaille d'une existence ennuyeuse, c'est par contre une totale réussite, surtout que l'on évite la plupart du temps les quelques lourdeurs politisantes sociales de l'influence Ken Loachienne. A voir en tout cas, on n'en ressort pas indifférent.

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