Dès le départ, le ton est donné: impuissant, le spectateur assiste à une scène de viol perpétré par Theo, récidiviste, incapable de contrôler ses pulsions. Et progressivement, sa culpabilité devient nôtre tandis que l'on découvre son personnage d'une infinie solitude rongé par la peur des femmes. "Le libre arbitre", Theo en est dépourvu, tout comme Nettie, abusée sexuellement par son père, et entre les deux se dessinera la plus improbable histoire d'amour aux confins de l'horreur. Caméra souvent à l'épaule, plans-séquences tour à tour terrifiants ou choquants, Glasner ne nous épargne pas dans sa réaliste description et nous entraîne aux limites de la subjectivité jusqu'à perdre nous-même ce "Libre-arbitre". Mais si le sujet est éminemment corrosif, nulle surenchère provocatrice ne vient ternir ici le tableau. La peinture est crue, certes, horrible parfois, mais surtout vraie et sans détour. Quant à l'arrière-plan sur fond de grisaille et d'austères immeubles bétonnés dans une morne ville qui n'offre d'alternative à la solitude, il est plus que réussi. Enfin, que dire du jeu des acteurs ? Jürgen Vogel nous gratifie d'une performance incroyable, tout en économie de paroles et Sabine Timoteo n'est pas en reste. Sur fond d'atmosphère pesante et malsaine, on assiste à presque 3 heures d'une grande intensité, loin, très loin de tout engagement ou morale, mais parcourues d'une tension subjective de tous les instants. Beauté, horreur, tristesse se côtoient alors dans ce maelström d'émotions qui nous laisse KO devant ce chef d'œuvre.
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