mardi 7 octobre 2008

Vingt-quatre heures de la vie d'un RMIste ou comment entrer dans la vie passive

12h30, le réveil sonne: il faut se lever. Première constatation de la journée: le chat miaule. Idiome universellement compréhensible et à la signification sans équivoque: notre lymphatique compagnon a faim. Il s'agit donc de nourrir ce perfide animal dont l'indolence n'a d'égal que son apathie. Cet effort accompli, il est grand temps de décompresser. Après tout, quoi de plus normal que de s'octroyer un juste repos bien mérité, une fois la laborieuse besogne accomplie. Sage précepte qui est la quintessence même d'une existence saine et la liturgie fondamentale et omni-temporelle de ce que nous appellerons la vie passive.
Une heure au strict minimum sera alors consacrée à la pérégrination Internet-ique, au gré de nos clics de souris, navigation virtuelle à défaut d'être aquatique et dont les étapes successives pourront être forums de football ou autres sites divers et variés reposant pourtant sur une constante: leur absurdité (les sites soutenant que "Magic" Ronald Zubar est un bon joueur, ou ceux visant à sauver le monde seront ainsi particulièrement prisés). Mais au fil de ces errances informatiques portées par le bien-être de l'immersion technologique, l'angoisse monte: en effet, il faut se nourrir.
Et l'instant redouté qu'est cette corvée journalière ne pouvant être éternellement repoussé, il faut bien s'atteler à cette répétitive besogne. Afin d'éviter des efforts superflus, il est possible de manger à l'extérieur (pas de cuisine à faire, ni de vaisselle), ou, encore mieux, de commander une pizza livrée à domicile à la pizzeria se trouvant en face de chez nous (à noter dans ce cas là la possibilité de manger avec les mains et dans le carton même de la pizza, ce qui évite à la fois cuisine, vaisselle et déplacement).
Au terme de cette épreuve, deux alternatives s'offrent à nous: une sieste bien méritée (apanage des véritables professionnels de la vie passive) ou un laisser-aller à diverses occupations, qui ne devront toutefois surtout pas demander d'efforts trop importants. Par exemple: regarder un film, laisser le chat venir sur nos genoux, naviguer sur le Web (voir ci-dessus).
Si tout se passe bien, on pourra alors jeter un coup d'œil par la fenêtre (en restant assis, si possible): nous observerons ainsi que la nuit est en train de tomber, et si notre logement porte sur une rue passante, on pourra même observer de curieux individus marcher à grands pas empressés. Non nous ne rêvons pas, ces personnes rentrent effectivement du travail... Étrange, n'est-ce pas ?
Mais du travail, nous allons malheureusement en avoir aussi. Et c'est à nouveau de nourriture dont il s'agit: celle du chat, et la nôtre également, mais nous avons déjà vu comment se sortir de cette détresse dans les paragraphes précédents...
Reste la soirée à combler, mais c'est finalement la tribulation la plus facile à surmonter. En effet, la solution qui s'offre à nous est d'une simplicité enfantine: se saouler la gueule jusqu'au petit matin ! De plus, on perdra ainsi de précieuses heures durant notre sommeil alcoolisé, raccourcissant ainsi la journée du lendemain au maximum et évitant par là même d'être trop actif et de trop en faire.
Et l'intérêt d'avoir un chat dans tout ça ? Il est primordial: quelle autre créature pourrait en effet nous donner un meilleur exemple de paresse exemplaire, d'indolence de tous les instants ? Nul autre que le chat, parfait modèle dont tout un chacun devrait s'inspirer avant de rentrer dans la vie passive...

3 commentaires:

Le Bigorneau a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Le Bigorneau a dit…

Certains lecteurs se diront... Encore une histoire de chat?!

A ceux-là, je souhaite dire ces quelques mots:
- Non, M. Chinaski n'a aucuns penchant pour la zoophilie, mais si vous voyiez sa chatte (comprenons: La femelle du chat) vous ne pourriez réfreiner cette pultion de parler de votre animal de compagnie!!!

Pour finir, je trouve la vie de RMIste trop interessante... Et caresse l'idée d'en faire ma profession. De ce fait, les conseils que vous avez su nous apporter dans ce texte, M. Chinaski, sont les bienvenus. Mais peut on vraiment vivre d'internet, de pizzas et d'appéro ou bien avez vu joué d'imagination pour ce récit?

Hmmhmmhmmement, Dilettante

Chinaski a dit…

Comme dit le paternel, on ne vit pas avec le RMI, on survit...
Survivons donc d'Internet, de pizzas et d'interminables apéros, mais aussi de lectures, de films, de rencontres, de musique, de concerts. Et de football bien évidemment.
En attendant les "24 heures de la vie d'un intermittent" peut-être, avec changement au programme concernant la nourriture. Exit les pizzas, bonjour les sorties Jardin des sens (voire même au Bouchon Saint Roch !). Pareil pour le chat, sus au chat de gouttière, vive le Persan !

Amicalement, Chinaski.